Samedi matin très froid – comme en 2015 – pour aller au Fun en bouche. Je ne voulais pas rater ma réservation de 9h45. Je suis arrivé pile-poil, je suis quelqu’un de très ponctuel. J’essaie de changer ça, je suis souvent le premier dans les soirées.
Le soleil tape de toutes ses forces sur la fenêtre du Fun en bouche, il éclaire l’intérieur du restaurant aux couleurs fraîches. On se sent comme dans un chalet, il y a beaucoup de bois dans la décoration. Ce n’est pas très grand, mais c’est chaleureux. Les yeux des clients pétillent, les conversations s’élèvent presque comme dans un bistro, mais de façon plus matinale. Il y a de l’engouement dans l’air ; comme dans tout bon resto, on ressent l’appréhension des clients qui ont faim.
À l’entrée, on m’explique que si je n’ai pas de réservation, je ne peux pas prendre place. Ce n’était pas comme ça avant, on entrait et sortait comme on voulait, qu’est-ce qui se passe ?
La personne s’était trompée, j’étais devenu Dominic Cantin et mon numéro de téléphone était inexact, mais assez semblable pour qu’on me laisse m’installer. Je prends place sur une banquette voisine d’un muret qui me protège du bruit de la caisse et du va-et-vient des serveurs. Des serveurs qui dansent sur le plancher, défont et refont des tables et prennent les commandes accompagnées de rictus à vitesse impressionnante. Ils prennent toujours le temps de répondre aux questions et esquissent des sourires, même si parfois, on remarque une veine frétiller au-dessus de leurs arcades sourcilières.
On me présente un menu en bois, très ludique et pratique, qui se transporte très bien. On y retrouve presque tous les classiques. Mais je ne suis pas venu ici pour manger deux-œufs-miroirs-bacon-saucisse-pain-de-ménage ; si c’est ça que tu veux, t’as qu’à aller au Valentine. Ici, on parle de déjeuner avec un grand D.
Un menu élaboré
Parce que je suis un gros porc, mon œil et mon estomac sont attirés par les déjeuners-dîners « tout un plat ». J’aurais probablement choisi le gratin fumé : enfourné d’œufs et de crème, garni de truite fumée, fromage crémeux twisté, pommes de terre, demi-bagel et fruits d’accompagnement. C’est quelque chose.
Mais puisque j’aime bien me fondre dans la masse, j’ai demandé : « Quel est votre gros vendeur ? » J’aurais dû deviner, ce sont les œufs bénédictines. Merci Bénédictin ! Lui savait vivre ! J’ai plus d’appétit que pour un seul œuf ; l’option du trio béné m’intéresse. On en choisit trois dans une liste de sept variétés ; je prends les plus chers : pomme-bacon-cheddar bio, confit de canard et poire pochée au vin blanc, et finalement truite fumée.
J’installe ma bavette
Le bol de café au lait est bien fort et bio. La mise en bouche, une compote de pomme, poire et vanille parsemée de raisins et pacanes, serait le rêve culinaire de tout bébé en bas âge. Ma première cuillerée ramène le souvenir d’une tétée violente.
Voilà qu’arrivent mes trois hollandaises ! Avec un bouquet de mes fruits favoris du matin : fraises, oranges, ananas, melon d’eau et une cerise sauvage, les amis, au mois de janvier ! Il y a aussi des patates rissolées, que je classe dans mon top cinq avec celle du restaurant Élégant dans la petite Italie. Superbe présentation. Martin Denis, un des serveurs, tenait à me dire que c’est lui qui coupe les 200 livres de patates par semaine, en me montrant le tonus de ses avant-bras. De quoi être fier de ses petits cubes qui luisent au soleil !
Le pomme-bacon-cheddar, mon favori, est salé avec un petit high de sucré qui vient de la pomme. Le tout aspergé du jaune d’œuf qui dévale dans mon assiette. Ce que j’aime percer les jaunes d’œufs ! La truite fumée manque d’assaisonnement ou d’un je-ne-sais-quoi. J’ajouterais des câpres ou du citron ? Et je me suis régalé du dernier, le confit de canard et poire pochée au vin blanc.
Et que dire de toute cette sauce hollandaise, riche et décorée de persil sur une base de pain fait maison. Ce pain, le cuisinier le prépare tous les matins (4h) ; c’est la force du resto. C’est l’équivalent de la kryptonite pour Superman.
J’ai été si impressionné par mon déjeuner que j’ai voulu en savoir plus sur l’histoire du Fun en bouche. Avant que je quitte les lieux, ils m’ont laissé monter en cuisine pour prendre des photos. C’est très généreux de leur part, surtout un matin achalandé. J’ai pris rendez-vous avec Karl Moran, le chef de l’établissement, le mardi suivant. Vous pourrez lire mon entrevue demain sur Monlimoilou.
Fun en bouche
1073, 3e Avenue
418 524-7272
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