Alors qu’il y a des travaux dans Stadacona qui forcent la fermeture temporaire de rues, que l’écoquartier s’est mis en chantier et que le nouvel amphithéâtre, après avoir pris des allures de Goldorak, commence à ressembler à une soucoupe volante, la Casa Calzone, elle, attend patiemment son heure.
Jusqu’à récemment situé sur Grande-Allée, Casa Calzone a désormais pignon sur rue sur Pointe-aux-lièvres. Anticipant l’effervescence que connaîtra bientôt le secteur, le restaurant semble avoir du flair pour les affaires. Il peut déjà compter sur une clientèle fidèle, qui n’a pas eu peur de descendre dans Stadacona pour manger leur calzone favori.
Un midi n’est pas coutume
J’y suis allé un midi, ce qui n’est pas dans mes habitudes, mais je me sentais sympathique. J’ai donc commandé la grosse bouteille de vin italien en démonstration, que j’ai bu au goulot jusqu’à plus soif tout au long du repas. J’étais dans un rêve.
Pour vrai, j’ai bu de l’eau.
Ce qui surprend en entrant dans le restaurant, c’est de voir les signatures ou les dessins des clients sur les murs. Personne n’ose un mauvais commentaire ou un lexique de vestiaire. Le personnel, attentif, me conduit sur la terrasse. On m’offre la carte des vins. Le best of de Bob Marley, qui joue dans les caisses, s’amalgame à cette journée tropicale comme du chocolat fondant sur une fraise.
Le service est encore très «haute ville», ce qui n’est pas déplaisant en soi, mais je ne suis pas habitué. Steve me résume la table d’hôte du midi de façon professionnelle. J’ai le choix entre trois entrées: la soupe du jour, la mousse de foie de volaille au Grand Marnier ou le kebab bocconcini (bocconcini, tomates cerises, jambon speck et vinaigre balsamique). Steve me décline ensuite les mets principaux: lasagne, pizza garnie, salade toscane ou calzone végétarien.
Va pour la mousse de volaille et le calzone végétarien, que je lui dis. «Et tout ça pour 15$, t’es sûr mec?» Lui: «Oui, 15$… En venant s’installer ici, le coût du loyer a diminué, alors on a pu descendre nos prix.»
J’te reprendrais du Grand Marnier…
La mousse de foie de volaille a un goût de foie gras un peu plus léger. Comme accompagnement, une salade de roquette bien vinaigrée et un pain qui sort du four, bien chaud et bien frais; on s’en empare encore fumant pour y répartir une beurrée de mousse tel un bûcheron. On n’utilise pas assez de Grand Marnier dans nos recettes. Dans le foie de volaille, c’était très bon. J’ai fini mon pot; je me sentais déjà un peu bourré, et puis…
(J’installai mon camp de base sur le deuxième décan, le soleil allait se coucher et nous n’avions presque plus d’eau.)
Mon Everest à moi
«C’est une montagne?» Le serveur me réplique, sans doute habitué: «Il faut la gravir!» Je coupe le calzone en deux parce que je suis curieux. Pour lui tenir compagnie, de la sauce piquante qui s’apparente au Tabasco. Du jus s’échappe de la montagne comme un mini-déluge. Le mozzarella semble avoir cessé de bouillir et s’est échoué sur les champignons, les olives vertes et les piments.
Allez, on attaque. On pique dans les différents ingrédients, le fromage s’allonge et on peut tremper la bouchée dans le jus au fond de l’assiette, c’est bon. J’aime la croûte sur le dessus (saupoudrée de persil et de parmesan), la partie qui a bénéficié le plus de la cuisson.
Je ne suis pas déçu de mon choix, mais la prochaine fois, je prendrai l’infarctus bien viandeux, l’un des calzones signature avec de la sauce bolognaise, saucisses, pepperoni, bacon, jambon, boulette de viande. Sans doute la meilleure recette de lendemain de veille avec la poutine.
***
Quinze dollars, ce n’est pas cher et vous roulerez par terre en sortant. Sur l’heure du midi, je trouve que c’est un repas copieux, mais suffit de choisir moins lourd; moi, je voulais absolument goûter au calzone. Le soir, c’est sûrement tranquille et dépaysant. C’est bien, un bon resto dans Stadacona, c’est un des quartiers que je préfère. Il faut réserver les soirs.
Restaurant Casa Calzone
1298, rue de Pointe-aux-lièvres
418 522-3000
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